vendredi 10 septembre 2010

La dépression est loin d'être vaincue, crie Krugman

Tristesse abondante. Un des chroniqueurs économiques les plus influents et les plus honnêtes de notre époque nous remet solidement les yeux devant les trous.

Paul Krugman écrit que 2010 ressemble étrangement à 1938. Il nous rappelle qu'en 1938:
''l'économie américaine a été handicapée par une crise financière. Les politiques de la Maison Blanche démocrate a permis d'éviter le pire, mais ils ont été trop peu téméraires et le taux de chômage demeure très très élevé. Malheureusement, le public n'apprécie guerre l'interventionnisme de l'État, et semble sur le point de servir une sérieuse correction aux Démocrates lors des élections de mi-mandat.''
Ça ressemble étrangement à la réalité du président Obama, aux prises avec un programme d'interventionnisme économique à bout de souffle. C'était bien, ça a bien marché, dit Krugman, économiste renommé et chroniqueur au New York Times. Mais c'est insuffisant et il faudrait emprunter encore pour dépenser encore, dit-il.

Certains de ses critiques sont plutôt raisonnables, comme Raghuram Rajan, ex-économiste en chef du Fonds monétaire international.

Malheureusement, la prescription de Krugman -- et même de ses critiques -- ne s'attaque pas du tout à la racine du problème, comme on dit en anglais.

La cause fondamentale de la dépression est multiple, mais voici ma version : devant une structure industrielle désuète, les financiers de Wall Street ont inventé des produits financiers pour tenter de continuer à faire de l'argent avec les hypothèques de simples citoyens. Bizarrement, l'administration Bush a encouragé la pratique qui a mené à création d'une bulle immobilière dévastatrice.

Bon. Alors on fait quoi?

Keynes a dit qu'il fallait dépenser l'argent qu'on a pas. C'est pas si fou et ça a marché. Mais si on veut vraiment relancer l'économie, la recette est différente: Il faut selon moi reprendre un peu de Schumpeter, mélanger à du Adam Smith et mettre au four de Keynes.

Explication: il faut investir dans notre productivité et notre capacité de production, des machines modernes, des usines vertes, c'est l'accumulation du capital de Smith. Il faut aussi investir dans l'industrie de demain, détruire un peu du passé et créer l'avenir. Ça c'est la destruction créatrice de Schumpeter.

Finalement, le gouvernement doit mettre la main à la pâte. Si le secteur privé s'activait tout seul, on ne serait pas dans ce merdier. Ça c'est le rôle du gouvernement dans la demande agrégée de Keynes.

Obama agit déjà en ce sens. Mais comme Krugman, je crois que les efforts doivent se multiplier, rapidement, exponentiellement, et avec une tonne d'argent frais. Sinon, on pourrait se retrouver dans une 3e guerre mondiale. Ironique que les Républicains s'opposent à l'intervention de l'État quand on veut créer une économie de qualité, mais ils ne s'y opposent pas quand on veut faire la guerre.

On voit justement ici Krugman se faire violemment attaquer par Bill O'Reilly de Fox News.